Frédéric Paulin – La guerre est une ruse, Prémices de la chute, La fabrique de la terreur – Agullo.”
Grand Prix de la Littérature policière 2020 : Frédéric Paulin voit sa trilogie « Tedj Benlazar » à nouveau récompensée avec son 3ème volet La Fabrique de la terreur.
Lecture addictive garantie !
Créé en 1948 par le critique et romancier Maurice-Bernard Endrèbe, ce prix récompense cette année la trilogie de l’auteur rennais, publiée aux Éditions Agullo.
Récompense grandement méritée pour un auteur qui nous raconte en trois volumes la montée inexorable du courant islamiste dans ce qu’il a de plus radical. De l’élection du FIS et de sa collusion avec le GIA dans les années 1990 en Algérie, à DAECH aujourd’hui, en passant par AL QAÏDA, L’Armée de l’État Islamique et d’autres mouvements parfois moins « connus » mais tout aussi déterminés, sans omettre les luttes intestines, les alliances, les mésalliances, les complicités les plus sordides y compris politiques au plus haut sommet des états (selon la formule consacrée), tout y est.
Les forces de ces trois romans sont nombreuses. Tout d’abord ses sources. Frédéric Paulin n’est pas pour rien Docteur en Sciences politiques, journaliste indépendant (comme deux de ses personnages), mais aussi professeur d’histoire, géographie. Ses nombreuses compétences lui ont incontestablement apporté le sens de l’investigation, mais aussi de la transmission et de la narration. C’est bien de l’Histoire dite grande, dont nous parle ici Frédéric Paulin, une histoire que nous vivons à chaud à travers son récit. D’Histoire moderne et contemporaine et de géographie, celle de tous les pays d’Asie de l’Ouest, appelée aussi Moyen-Orient, (selon le point de vue d’où l’on parle) et de l’Afrique dite du Nord… Investigation documentée dont les détails les plus subtils nous donnant à comprendre ce qui se joue sous nos yeux depuis 40 ans, et qui prit racine bien avant car il est bien question aussi de la colonisation.
Autre force, là où il y aurait matière à écrire un traité, l’auteur choisit le roman, la fiction à travers des personnages suffisamment « épais », à la densité profonde pour qu’ils ne soient pas les faire-valoir d’un propos politique, mais bien les piliers d’une narration haletante. Personnages masculins, personnages féminins, complexité et banalité, sont dignes de la littérature des grands romans du XIXème.
Les trois volumes qui, ensemble, composent une saga d’un millier de pages, sont un véritable page turner et nous donne à mieux entendre les bruits du monde. A peine le premier volume refermé, le lecteur ou la lectrice n’a de cesse de retrouver Tedj Benlazar, héros franco-algérien, homme blessé, coupable mais fin (trop fin) limier de la DGSE…
Les héros et les héroïnes de Frédéric Paulin sont des personnages de fiction mais aussi des personnages réels. Cet entremêlement donne à ses récits une vérité parfois glaçante, surtout quand elle nous permet de comprendre que l’échec n’a, n’aura d’égal que le chaos engendré.
Frédéric Paulin n’a pas reçu un prix parmi d’autres, mais le « Grand prix de littérature policière », et c’est bien ce dont il s’agit ici : de littérature !
A lire sans modération, mais attention, addiction garantie !
Pascale Dewambrechies
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