De bonne humeur
Premier billet, première page blanche… Il me faut ainsi puiser dans les méandres de mes synapses pour y trouver quelque idée, des lignes, une inspiration à pleins poumons, qui essuierait les plâtres d’une rubrique aux lignes indéterminées. Billets d’humeur, d’humour ou d’amour ? D’humeur badine, d’humour léger, d’amour pour les mots, les pages, les librairies et leurs libraires, la caresse des doigts sur le grain du papier. Peut-être que pour un premier billet, je pourrais revenir aux premiers émois. Il aura fallu attendre quelques mois de chômage et la médiathèque de La Rochelle – j’avais alors 25 ans – pour rencontrer la littérature, celle qui vous prend par le bras et zou, vous embarque. Non pas que nous nous fussions ignorés jusqu’alors, Dard ou Barjavel par exemple ayant grignoté avec délice quelques heures de mon adolescence, mais c’est comme l’amour, on croit l’avoir connu jusqu’au jour où, paf, ça vous tombe dessus, parce que c’est le bon moment, le bon autre, le bon grain de papier ou de peau, et que le livre, là, vous regarde avec insistance, droit dans les yeux et qu’il sait vous parler. 25 ans, donc, et quatre noms pour cela : Duras, Dustan, Echenoz, Ernaux. Presque collés les uns aux autres dans un alphabet ramené à deux lettres, précédés dans mes souvenirs du A d’Audiberti et de la fulgurance de trois nouvelles dont je garde le souvenir précieux d’une langue farouche, presque une autre que la mienne. Ainsi, j’ai aimé lire. Parfois avec passion. Parfois avec le temps qu’il fallait donner à la relation. Parfois en attendant son retour, le soir. Ainsi j’ai aimé.
Arnaud Rodriguez