Paolo Giordano – Dévorer le ciel – Seuil.
Une histoire d’amour, d’amitié, très intense, se déroulant dans les paysages somptueux des Pouilles.
Le roman nous raconte le parcours, depuis l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, 20 ans plus tard, de Teresa, une jeune fille de la classe moyenne, fascinée par 3 garçons, Bern et ses 2 frères, exclus de la société. Entrainés par Bern, éduqué en grand partie par les seuls livres, ils vont créer et vivre au sein d’ une communauté novatrice, une utopie, centrée sur l’agriculture naturelle, à l ‘écoute de la nature. Adeptes d’une grande sobriété, jusqu’au jour du grand choix, entre passage à la violence ou simple état de résistance. Il y a aussi l’histoire d’amour, exclusive et complexe de Bern et Teresa.
J’ai aimé :
– les divers questionnements de Paolo Giordano ;
– les communautés d’utopie, ici une agriculture naturelle et ce qu’elle engendre d’isolement, d’incompréhension, de rupture avec la famille et l’entourage ;
– la nécessité ou pas de la radicalité d’un combat, jusqu’où s’engager, ici pour sauver les oliviers centenaires menacés d’extinction, à la fois par la maladie, et par un arrachage sanitaire (problématiques contemporaines que l’on retrouve de multiples exemples en Europe de cette génération des années 90, luttant ou simplement vivant d’idéaux de refus du matérialisme et de respect de la nature) ;
– et aussi la présence permanente des livres, liens d’amitiés, d’amour, sources de savoir et d’évolution : il est question du Baron perché, d’Italo Calvino, de La révolution d’un seul brin de paille, de Masanobu
Fukuoka, livre culte paru en 1975 sur l’agriculture naturelle.
Une lecture enthousiasmante, addictive, en immersion dans les paysages des Pouilles dont l’auteur nous fait partager la beauté.
Joëlle Daniès